Le bioéthanol, toujours entre deux eaux
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Forte de quinze sites de production, la filière éthanolière française vient de mettre en avant dans une étude (1) son fort impact en terme d'emplois : 4 481 directs, le double si on considère les emplois indirects voire induits. Et a contrario, son faible impact en terme de surfaces agricoles : 1,3 % de la SAU française voire 0,7 %, déduction faite des coproduits destinés à l'alimentation animale.
Malgré un tassement en 2010-2011, la production d'alcool éthylique a peu repris en 2011-2012. Originaire à 97 % des betteraves et céréales (à parts égales), elle a atteint 19,8 Mhl dont 12,5 Mhl dédiés au carburant. A noter que la part du SP95-E10 dans les essences est passée en un an en France de 20 % à 28 %. Il dépasse désormais le SP98 et est présent dans 71 % des stations-service de pétroliers et 29 % de celles des grandes et moyennes surfaces.
La filière est toujours suspendue à la proposition de la Commission européenne de plafonner les biocarburants de première génération, à 5 % de l'énergie consommée dans les transports terrestres, alors qu'elle plaide davantage pour 8 %, afin de rentabiliser les investissements. Elle se bat contre la comptabilisation du Changement d'affectation des sols indirect, Casi, (Iluc en anglais) dans les bilans de gaz à effet de serre. Pour Faustine Defossez, de la plus grande fédération d'ONG environnementales en Europe (European environmental Bureau), « d'ici à 2017, 95 % des investissements seront rentabilisés. Les facteurs Casi doivent entrer en jeu à cette date. » « Quand je fais un hectare énergétique, dois-je vraiment compenser par un hectare alimentaire ?, lui répond Bruno Hot, président du SNPAA (Syndicat national des producteurs d'alcool agricole). La question se posera d'ici quinze à vingt ans, mais il serait injuste de nous imposer des règles maintenant, et de ne pas laisser les industriels amortir leurs outils au-delà de 2017. »
« Ou alors que ceux qui imposent les Casi aux biocarburants l'imposent à l'agriculture biologique qui génère des rendements de 25 à 50 % moindres que le conventionnel. Selon ce raisonnement, il faudrait 25 à 50 % de surfaces supplémentaires. Bien davantage que pour les biocarburants. »
Renaud Fourreaux
(1) Etude de PricewaterhouseCoopers menée pour le compte de l'AGPM, l'AGPB, la CGB et le SNPAA.
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